Lorsque l’on pense au Vietnam, les élégantes femmes en tunique longue viennent tout de suite à l’esprit. Cet habit traditionnel, l’Ao Dai est un des symboles de la culture vietnamienne. En effet, son histoire en dit long sur celle du pays…
L’Ao Dai est composé de 2 pièces séparées : une tunique (áo) et un pantalon (quần) en soie moulante. De nos jours, ce n’est pas une tenue que l’on porte au quotidien. Les femmes la portent à l’occasion des fêtes tel que le nouvel an lunaire ou les mariages. De plus, l’Ao Dai est porté lors des événements internationaux et par les hôtesses de certaines compagnies aériennes.
L’Ao Dai apparait au XVIIe siècle. C’était à ce moment une tunique à quatre ou cinq pans noirs agrémentée d’une ceinture colorée. En 1700, le Sud et le Nord sont divisés en deux. Inspirés du costume traditionnel Cham, les vietnamiens du Sud portent l’Ao Dai pour ce différencier du Nord. C’est un habit porté aussi bien par les hommes que par les femmes.
A partir de 1930, sous l’influence de la mode française, le styliste vietnamien surnommé Monsieur Le Mur transforme l’Ao Dai. Cette nouvelle version comprend seulement 2 pans de tissus. Plus sensuelle et moulante que l’habit traditionnel, il fit scandale à l’époque. De plus, les femmes le portaient avec un pantalon blanc traditionnellement réservé aux hommes. Le port de cet habit par les femmes était alors une façon symbolique de montrer sa modernité et de s’émanciper. Pareillement, le port des autres versions, que ce soit par les femmes ou par les hommes avait une forte portée symbolique. En effet, c’était une façon de revendiquer une identité vietnamienne et de rejeter le colonialisme.
Entre 1950 et 1970, l’évolution de l’Ao Dai féminin est encore tiraillée entre modernité et tradition. Le Vietnam étant divisé en deux, seul le Sud continue de le porter. En effet, l’habit est mal vu au nord. Sous l’influence de Madame TRẦN Lệ Xuân, la première dame du Vietnam, le costume évolue avec des cols plus modernes. Encore une fois, cette évolution audacieuse ne fut pas au goût de tous. L’Ao Dai masculin cependant, n’évolue pas et reste un habit très traditionnel.
Après 1975, l’Ao Dai perd de sa popularité même au Sud. Après la guerre, il est vu comme un symbole du colonialisme et de l’impérialisme. En effet, les cultures française et américaine ont fortement influencé le style de l’habit traditionnel. De plus, le pays ayant souffert de 30 ans de guerre, les vietnamiens privilégient des habits plus pratiques pour les travaux de reconstruction.
A partir de la seconde moitié des année 80, l’Ao Dai reviens à la mode. Le Vietnam s’ouvre doucement vers l’extérieur, en particulier suite à la politique Doi Moi. Ainsi, la population a alors accès aux magazines de mode du monde entier. Face à tous ces pays revendiquant un style vestimentaire propre en signe d’opulence et de modernité, le Vietnam a lui aussi voulu affirmer son identité avec l’Ao Dai.
C’est en 1995 que l’Ao Dai connu son heure de gloire, lorsque Miss Vietnam, parée de l’Ao Dai, a reçu le prix du meilleur costume national a un concours de beauté international.
Bien que le costume ne soit pas porté au quotidien ou très peu, le port de l’Ao Dai est aujourd’hui encouragé. Véritable fierté des vietnamiennes, elles ne manquent pas une occasion de le porter, bien que certaines le rejettent et fassent plutôt l’apologie de la mode japonaise et coréenne. Les femmes portent l’Ao Dai pour des occasions particulières comme les remises de diplôme ou les mariages. De plus, elle aiment porter l’habit traditionnel pour faire des séances photos dans les lieux emblématiques d’Hanoï, comme le temple de la littérature ou la cité imperiale.
Ainsi, L’Ao Dai est un véritable miroir de la société vietnamienne depuis sa création. Tantôt représentatif des clivages entre le nord et le sud, tantôt crystalisant le tiraillement entre tradition et modernité, l’évolution de cet habit traditionnel est une façon original d’appréhender l’histoire vietnamienne. Malgré les influences des modes japonaise et coréenne, les jeunes femmes vietnamiennes gardent l’Ao Dai dans leur coeur car il est plus qu’un vêtement, il porte en lui l’histoire et les valeurs du pays.
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